jeudi 21 septembre 2023

Editeur : Les éditions L'Harmattan et les livres sur les Femmes en temps de guerre (Mots-clés : Cameroun, Pologne, Portugal, SS, Allemagne, IIIe Reich, féminisme, Italie, Etats-Unis, Grande Guerre, Belsen, camps de concentration)

 

Fondé en 1975, le groupe L’Harmattan, basé à Paris depuis sa création, fait partie des rares maisons d’éditions à proposer avec constance des livres sur les femmes en temps de guerre : rééditions de livres français ou étrangers épuisés (Sœur Grete Kühnhold, Une infirmière Allemande au Cameroun, 1913-1916 ;  Maria Zdziarska-Zaleska, Sur les fronts de guerre méconnues, Pologne 1918-1921, mémoires d’une femme médecin de bataillon ; Ana de Castro Osorio, En temps de guerre, aux soldats et aux femmes de mon pays, Portugal 1914-1918) ; documents d’époque commentés (Didier Chauvet, Irma Grese et le procès de Belsen ) ; études thématiques ( Les Assistantes sociales dans la tourmente, 1939-1946, de Cyril Le Tallec, etc.) ; témoignages ( Gargamelle,  mon ambulance guerrière 2ème DB de Edith Vézy ; Des ambulancières dans les combats de la libération, Suzanne Lefort-Rouquette ) ; biographies (La Vie brisée d’Eugénie Djendi de l’Algérie à Ravensbrück, par Dominique Camusso et Marie-Antoinette Arrio). Le choix est donc vaste et généralement de qualité.

Comme nous pouvons le constater, ces publications ne se limitent pas à la seule France. Sont traités la Pologne, le Portugal, l’Allemagne, mais aussi l’Italie et les Etats-Unis d’Amérique dans le cadre du livre La Grande Guerre et le combat féministe.

Dans le présent post nous avons fait le choix de ne présenter que quelques-uns des livres cités plus haut, soit ceux parus entre 2008 et 2020.



La Vie brisée d’Eugénie Djendi de l’Algérie à Ravensbrück, de Dominique Camusso et Marie-Antoinette Arrio, raconte, un peu à la manière d’une enquête à la fois historique et généalogique, la vie et le destin tragique d’Eugénie Djendi, née en Algérie, à Bône, en 1923. Elle s’engage très jeune, à peine âgée de 20 ans, en janvier 1943, dans le Corps féminin des transmissions (CFT), créé par le général Merlin, en cours de formation à Alger. Et que l’on appelle familièrement les Merlinettes. Elle prend part à la dure campagne de Tunisie.

Transférée en Grande-Bretagne, après avoir été formée par le Special Operation Executive (SOE), elle est parachutée en France, dans le Loiret, comme ce fut le cas d’autres jeunes issues du CFT mes à des dates différentes. Trahies, toutes sont arrêtées à peine ont-elles foulé la terre de France. Eugénie est déportée vers le camp pour femmes de Ravensbrück le 11 août 1944. Comme l’ensemble de ses camarades, le 18 janvier 1945 elle est exécutée d’une balle dans la nuque. Le livre s’appuie sur de solides sources.



Sœur Grete Kühnhold, Une infirmière Allemande au Cameroun, 1913-1916 est un petit livre de 90 pages, paru pour la première fois en 1917 sous le titre In Friedens-und kriegszeiten in Kamerun. La présente édition a été traduite et préfacée par Gilles René Vannier. L’auteur, membre de l’association allemande des femmes de la Croix-Rouge pour les colonies, nous fait vivre l’invasion du Cameroun par le nord-ouest (Britanniques), le sud et l’est par les Français et les Belges. Son récit nous fait traverser le Cameroun, au travers de ses affectations et missions, jusqu’à ce qu’elle se réfugie, avec nombre de ses compatriotes, dans la colonie neutre qu’est la Guinée espagnole. C’est un récit plein d’allant, que l’on peut qualifier d’aventure, qui dévoile un certain état d’esprit propre à l’époque et aux idées de supériorité raciale allemande. L’histoire se clôt avec son retour en Allemagne métropolitaine.




Il existe trop peu de livres en langue française sur le rôle du Portugal pendant la Grande Guerre. Celui de Ana de Castro Osorio, En temps de guerre, aux soldats et aux femmes de mon pays, Portugal 1914-1918 en est désormais un. Ana de Castro « présentée comme l’un des fers de lance su féminisme au Portugal » dévoile tout à la fois un féminisme portugais et le rôle des femmes dans la Grande Guerre.  Son recueil est édité en 1918 sous la forme d’une compilation d’articles écrits et diffusés pendant la guerre. Les sujets qu’elle y aborde (guerre, féminisme, éducation, travail des femmes) ont été largement abordés par le « mouvement spontané et magnifique représenté par la petite commission féminine Pour la Patrie, laquelle a essuyé toutes réflexions et malveillances propres aux idées nouvelles, a été suivi par la splendide affirmation qu’est la Croisade des femmes portugaises. » Ana de Castro est le type même de la féministe réformiste qui tout à la fois soutient son pays dans l’effort de guerre et veut, en même temps, y faire participer les femmes pour provoquer leur émancipation. Son discours est sans ambages : « la femme ne peut plus être aujourd’hui ce simple personnage poétique des légendes médiévales, qui ouvre son giron dans lequel le pain se transforme en fleurs et les fleurs en pain pour les mendiants, conformément à l’offre et à la demande que les généreux idéaux masculins, arbitres et seigneurs de la vie économique, entendent établir. La Patrie, qui est comme qui dirait la société, attend aujourd’hui un plus de ses femmes, à savoir travail et initiative. »



Le récit de guerre de Maria Zdziarska-Zaleska, Sur les fronts de guerre méconnues, Pologne 1918-1921, mémoires d’une femme médecin de bataillon pourrait être celui de n’importe quel homme, mais il s’agit de celui d’une jeune polonaise. Catholique, instruite, issue d’une famille éclairée, libre et patriote. Bien que ne se qualifiant pas de féministe elle en a la fibre.  Elle s’engage en tant qu’infirmière en 1918, tout comme ses deux sœurs, dont l’une sera tuée au front. « En 1918, ils (ses parents) n’étaient pas seulement d’avis que mes frères devaient aller servir dans l’armée, mais ils ont accepté que je m’engage moi aussi. Ils comprenaient parfaitement mes motifs car ils pensaient, comme moi, que je ne faisais là que remplir mon devoir le plus élémentaire. Ainsi, en 1918, nous étions trois dans les troupes armées ; en 1920, deux de plus. Le plus jeune d’entre nous n’avait alors même pas seize ans. » Elle participe aux combats contre les Allemands, les Ukrainiens puis les Bolchéviques, sera blessée à plusieurs reprises, capturée par deux fois, elle réussit à s’enfuir puis à rejoindre les lignes polonaises. Son récit passionnant, durant lequel elle fait preuve d’une rare bravoure, couvre surtout la guerre russo-polonaise (1919-1921) jusque 1921.



La Grande Guerre et le combat féministe s’articule comme un acte de colloque. Réalisé sous la direction de Claire Delahaye et Serge Richard, il aborde, comme son titre l’indique, des thématiques liées à la Grande Guerre, mais parfois avec des références plus anciennes : les suffragistes américaines, face à la première guerre mondiale, revisitent la guerre de Sécession. Le chapitre sur le féminisme italien dans la Grande Guerre démontre l’internationalisation du féminisme à cette époque. Selon Claire Delahaye et serge Ricard, le féminisme c’est construit autour de trois principes pendant les années de guerre : « la revendication d’une égalité entre les hommes et les femmes, la remise en cause de la féminité comme construction culturelle et l’action collective qui suppose une communauté d’intérêts et une identité partagée (…) La Grande Guerre ( …) constitua ainsi un moment privilégié au cours duquel les femmes eurent l’impression de vraiment faire l’Histoire. »




L’ouvrage de Didier Chauvet, Irma Grese et le procès de Belsen, s’appuie pour beaucoup sur les dépositions et interrogatoires d’Irma Grese lors du procès de Belsen, mais il permet surtout de suivre le parcours de cette jeune « femme ordinaire », née en 1923 à Wrechem, jusqu’à la chute du IIIème Reich. Son enfance fut marquée par les infidélités de son père envers sa mère, et le suicide de cette dernière par absorption d’acide chlorhydrique. Irma fut d’abord membre des Bund Deutscher Mädel (BDM), puis elle effectua six mois de travail dans le Reichsarbeitdienst (RAD). Après son service, elle exerça divers métiers (fille de ferme, vendeuse, aide-soignante, etc.). Attirée par le métier d’infirmière, à 18 ans elle cherche à entrer dans une école d’infirmière. Après avoir essuyé plusieurs refus, elle s’oriente vers le métier de surveillante SS (Aufseherin). Ce choix fera d’elle l’une de ces jeunes surveillante SS des camps de concentration allemands connues, pour une majorité d’entre-elles, pour leur cruauté. Irma fut condamnée à mort par un tribunal militaire britannique en 1945, lors du procès de Belsen, avant d’être pendue à la prison de Hameline.

 

Éditions L'Harmattan - vente livres, ebooks (édition numérique) (editions-harmattan.fr)

jeudi 14 septembre 2023

LIVRES : LE SERVICE ACTION EN EXTREME-ORIENT, 1944-1945 par Philippe Millour et Gaston Erlom (Mots-clés : AFAT, Indochine, parachutiste)

  

Entre 1944 et 1945, la « situation politique et militaire » de l’Indochine est « complexe et évolutive ».  De fin 1944 au début de 1945 « la résistance intérieure, les émissaires de la France combattante et les commandos parachutistes de la DGER (Direction générale des études et recherches), épaulés par la Force 136 britannique, se préparent activement face à l’adversaire nippon lorsque le coup de force japonais du 9 mars vient compromettre la prise de contrôle du territoire par le gouvernement provisoire de la République française (GPRF). » Voici résumé la situation trouble et tendue de l’Indochine en cette fin de seconde guerre mondiale. Durant cette période, depuis l’Inde et la Chine, des opérations sont lancées et menées « par voie aérienne, terrestre ou maritime ». Il faut dans ce climat imprévisible qui plonge dans l’inconnu compter sur les prétentions, les provocations et les entraves des uns et des autres : américains, chinois, japonais et Vietminh. FEFEO, CEFEO, SLFEO, MMFEO, CLI, FICS, MMFC, SA, Mission 5, DFI, E-Group, etc., on ne compte plus les sigles et acronymes des services et organisations mis sur pied par le GPRF pour rétablir la souveraineté française en Indochine. On s’y perdrait si ce livre ne détaillait le rôle et l’action de chacun d’eux.



Ce qui nous a particulièrement plu dans le livre de Philippe Millour et Gaston Erlom, c’est que les femmes rattachées à ces divers services sont présentes en ces pages. On y apprend, qu’elles travaillent comme chiffreuses, traductrices, dactylo, etc. A priori une seule femme, le sous-lieutenant Danielle Reddé, alias Edith Fournier, a été parachutée en territoire sous contrôle japonais, entre 1944 et 1945, dans le cadre d’une mission de l’E-Group (aide et secours aux prisonniers de guerre et aux populations civiles). Bien que l’on trouve plusieurs photos d’AFAT ou d’objets leur ayant appartenu, on ne peut dire que leur rôle soit détaillé, ni même véritablement défini.

Un livre particulièrement bien construit, très détaillé et documenté, didactique, avec une iconographie, le plus souvent, inédite.

 

MILLOUR (Philippe) et ERLOM (Gaston), Le Service action d’Extrême-Orient, 1944-1945. Premiers parachutistes en Indochine, Paris, Histoire

jeudi 8 juin 2023

Nouveauté livre : Frédéric PINEAU, DECRYPTER LES UNIFORMES FEMININS DE NOS PHOTOS DE FAMILLE 1852-1945

 

Des milliers de cantinières, du second Empire à 1890, et des centaines de milliers de femmes sous l’uniforme au cours des deux guerres mondiales, cela fait beaucoup de monde ! Et les photos de femmes en uniformes sont nombreuses à dormir dans nos tiroirs, rarement identifiées.




La Grande Guerre a mobilisé par exemple 430 000 femmes dans les usines d’armement, 5 000 infirmières temporaires dans les hôpitaux militaires, 71 192 infirmières dans les trois sociétés d’assistance constitutives de la Croix-Rouge française, 27 000 femmes dans les différentes compagnies de chemins de fer, 5 000 autres par les Salvage Service de l’armée américaine, etc. On pourrait citer des chiffres de la Seconde Guerre mondiale tout aussi édifiants, et le XIXe siècle n’est pas en reste avec ses fameuses cantinières.

 

Or décrypter un uniforme féminin n’est pas chose aisée. Il existe très peu d’études sur les uniformes et les insignes portés par les femmes en uniforme, tant civiles que militaires. Les seuls travaux existant à l’heure actuelle, tout du moins pour la France, sont le résultat d’années de recherches effectuées par l’historien Frédéric Pineau. Des cantinières du second Empire aux AFAT (auxiliaires féminines de l’armée de terre) de la Libération, des milliers de silhouettes ne sont plus comprises aujourd'hui : bonnet de police et vareuse à quatre poches ne riment pourtant pas forcément avec AFAT ; et une femme en tenue d’infirmière sur une photo en noir et blanc n’en est pas forcément une. Ce guide décrypte ainsi plus de 70 visuels de 1852 à 1945 pour vous donner les principaux codes de repérage et des clés de compréhension de ce monde nébuleux et complexe.

 

Frédéric Pineau, Décrypter les uniformes féminins de nos photos de famille, 1852-1945, Paris, Archives et Culture, 80 pages  > 13 euros


Musée de la Grande Guerre de Meaux : INFIRMIERES, HEROINES DE LA GRANDE GUERRE / EXPOSITION du 08.04 au 31.12.2023




 L’évocation de la Grande Guerre renvoie le plus souvent aux poilus dans les tranchées, aux souffrances et aux morts. Il est peu question des soignants et notamment des infirmières qui, bénévoles ou salariées, civiles ou militaires, qualifiées ou simplement sensibilisées, ont œuvré au service des victimes.



Cette nouvelle exposition du musée de la Grande Guerre a pour ambition de témoigner de l’engagement et de la participation des infirmières parmi les personnels de santé mobilisés sur les fronts mais aussi à l’arrière auprès des populations civiles.

Plus de cent ans après, il est difficile d’imaginer les infirmières dans leur contexte, tant nous avons tendance à leur appliquer nos modèles d’aujourd’hui.
C’est toute la volonté de l’exposition qui expliquera comment la Première Guerre mondiale a été un tournant majeur pour la profession. En effet, le conflit établit les premiers pas vers la reconnaissance d’un métier véritable alliant connaissances médicales et savoirs des corps, même si les infirmières restent plus reconnues pour leur dévouement que pour leurs compétences.







 

Cette exposition a reçu le label «Exposition d’intérêt national» décerné par le ministère de la Culture.

 

TARIF SPÉCIAL : les infirmiers(ères) hospitaliers(ères) et libéraux(les) bénéficient d’un tarif réduit à 5€ pendant toute la durée de l’exposition. Ce tarif comprend l’entrée à l’exposition mais également l’accès au parcours permanent.
Réservez dès maintenant votre billet.

Tout au long de l’année, le musée vous propose une programmation dédiée autour de l’exposition.

Des visites guidées sont proposées tous les dimanches.
Retrouvez les visites, ateliers et autres événements dans l’agenda culturel !

Lire la vidéo

 

Conseil scientifique de l’exposition

  • Christophe DEBOUT, IADE, cadre supérieur de santé, PhD. Responsable pédagogique, Institut de formation interhospitalier Théodore-Simon, Neuilly-sur-Marne ; Chaire Santé Sciences Po/IDM UMRS 1145
  • Frédéric PINEAU, historien spécialiste de l’histoire des femmes au 20e siècle
  • Virginie ALAUZET, responsable Systèmes de gestion des documents et des archives – Croix-Rouge française

Le parcours de visite de l’exposition

L’exposition s’attachera à décrire et faire comprendre la diversité des statuts et des champs d’activité des personnels infirmiers.
Il sera nécessaire de recontextualiser le propos au temps d’un conflit marqué par des évolutions technologiques, thérapeutiques et des pratiques de soins particulièrement rapides.
Le parcours se concentre sur les personnels infirmiers français et s’articule autour d’un fil rouge thématique qui permettra d’envisager trois moments structurants :

  • Statuts des infirmières pendant la guerre,
  • Pratiques soignantes des infirmières,
  • Imageries et stéréotypes.

 

Université d'été musée de la Grande Guerre de Meaux : Les Femmes dans la Grande Guerre, 1 juillet 2023


 
L’université d’été du musée, présidée par l’historien François Cochet, sera consacrée aux « Femmes dans la Grande Guerre».

Historiens, chercheurs et professionnels se réuniront pour ce rendez-vous incontournable de l’année.

 

Programme

9h30 Introduction
François Cochet

10h – Les mères des combattants
Stéphanie Couriaud

10h45 – L’implication féminine dans les oeuvres de guerre
Claire Saunier-Le Foll

11h30 – Visite guidée de l’exposition : « Infirmières, héroïnes silencieuses de la Grande Guerre »
Johanne Berlemont

12h30-13h30 – Déjeuner

13h30 – Marraine de guerre, une expérience plurielle
Aliénor Gandanger

14h15 – Tenir et maintenir. Femmes de la noblesse française dans la Grande Guerre
Bertrand Goujon

15h15- La Grande Guerre des Seine-et-Marnaises à travers les fonds des archives départementales de Seine-et-Marne
Olivier Plancke et Justine Queuniet, archives départementales de Seine-et-Marne.

16h – Conclusion
Francois Cochet

RÉSERVEZ VOTRE PLACE POUR L'UNIVERSITÉ D'ÉTÉ

Les intervenants

·       François Cochet, historien, professeur émérite à l’université Lorraine-Metz et président de l’université d’été du musée.

·       Stéphanie Couriaud, professeure des écoles, enseignante à l’institut d’études thérésiennes à Lisieux, diplômée d’un Master 2 en histoire et connaissance des civilisations. Les recherches de Stéphanie Couriaud portent sur les mères des combattants de la Grande Guerre

·       Claire Saunier-Le Foll, chargée de cours à l’Université du Havre-Normandie et chercheuse associée au LARHRA (Université Lyon 2) et au GRIC (Université du Havre-Normandie).

·       Johanne Berlemont, responsable du service conservation du musée de la Grande Guerre.

·       Aliénor Gandanger, doctorante en Histoire contemporaine.

·       Bertrand Goujon, agrégé d’histoire, maître de conférences habilité à diriger les recherches en Histoire contemporaine à l’université de Reims Champagne-Ardenne, spécialiste de l’histoire des élites européennes au XIXe et au début du XXe siècle.

·       Olivier Plancke et Justine Queuniet, archives départementales de Seine-et-Marne.

mardi 22 novembre 2022

Nouveauté livre : LES MILITAIRES DE LA COMMUNE DE PARIS, 1871, par Frédéric Pineau (mots-clés : 1871, révolution, Commune, Paris, amazones, femmes combattantes)

 

La Commune de Paris de 1871 c'est vue réappropriée par de multiples tendances politiques, de l'extrême gauche à l'extrême droite, en passant par les libertaires, les nationalistes révolutionnaires, les socialistes, les communistes, etc. Objet de passions, de fantasmes et de convoitises, elle a laissé à beaucoup le goût de l'inachevé. Louise Michel, le mur des fédérés, la « semaine sanglante », autant d'évocations d'une révolution manquée, voire contrariée par ses faiblesses. Historiens, amateurs, politiques, il nous semble parfois que tout a été dit par tous, mais ce qui peut surprendre c'est l'absence d'étude sur ce qui fut l'âme, le gage de son existence, le cœur même de la Commune de 1871 : son armée, émanation voulue du peuple par le peuple. 




Mise sur pied dès le mois de mars 1871, son histoire, son organisation, ses diverses formations, ses uniformes, son armement, etc. sont autant d'aspects qui échappent à sa construction historique. C'est précisément ce que Frédéric Pineau vous présente en ces pages qu'accompagne une riche  iconographie souvent inédite. 

Outre les bataillons de gardes nationaux fédérés, vous y découvrirez d’étranges formations comme les tirailleurs blindés de La Villette, le bataillon contre-chouans,  l’artillerie maritime, les trains blindés, les équipes de fuséens, la légion Schoelcher et bien d’autres formations aux noms si bizarres que la postérité n’a pas retenus.




Une large place est consacrée aux femmes, que ce soient les femmes combattantes, les ambulancières, les cantinières ou celles qui combattront individuellement dans les bataillons de la garde nationale, comme de simples gardes.


PINEAU (Frédéric), Les Militaires de la Commune de Paris, 1871, Paris, Archives et culture, 2022  

SORTIE LE 3 DECEMBRE 2022

Nouveauté livre : JE MAINTIENDRAI, femmes, nobles et françaises, 1914-1918, Bertrand Goujon (mots-clés : Grande Guerre, Croix-Rouge, infirmière, noblesse, gotha)

 Bertrand Goujon, maître de conférences HDR en histoire contemporaine à l’université de Reims Champagne-Ardenne, nous offre avec Je Maintiendrai, femmes, nobles et Françaises, 1914-1919, une étude unique, novatrice et d’une richesse qu’il sera difficile d’égaler. Une étude unique donc, dans la mesure où elle s’attaque profondément au rôle des femmes de la noblesse pendant et juste après la guerre.



La vie qu’elles mènent est celle de beaucoup de Françaises, qu’elles soient baronnes, marquises, duchesses, princesses, comtesses ou vicomtesses. L’époux absent, les pillages, les destructions, le deuil d’un mari, d’un enfant, d’un frère ou d’un père, les bombardements, le déracinement, etc. En l’absence de l’homme certaines ouvrent leurs châteaux aux blessés militaires et aux réfugiés, d’autres s’improvisent gestionnaires d’un patrimoine colossal ou modeste, etc. Il faut aussi continuer à entretenir les réseaux d’influence et même à penser à en ouvrir de nouveaux. « Pour la plupart, l’essentiel reste néanmoins de maintenir leur rang, fragilisé par une hécatombe qui a décimé leurs fils et époux, mené certaines au bord de la ruine et conduit d’autres à la mésalliance ».

Ce livre qui ne compte pas moins de 912 pages s’appuie sur un corpus de sources et une bibliographie des plus solides qui pourront servir de base à bien d’autres études à venir. C’est bien l’usage d’archives privées provenant de châteaux comme ceux de Flaugergues, de Chaumont, etc., ou de familles illustres comme les Toulouse-Lautrec ou les Tascher de La Pagerie qui nous a paru ici le plus intéressant, car jusqu’à présent jamais utilisées pour ce genre d’étude.

La noblesse a donc dû s’adapter à la guerre, l’apprivoiser en quelque sorte, se résigner à la dompter. Servir est le maître mot. C’est dans les sociétés d’assistance de la Croix-Rouge française (SSBM, ADF, UFF) et les œuvres que cet apostolat de la charité se manifestera avec grandeur et bienveillance. C’est aussi un moyen de demeurer sur place, de servir et du même coup de surveiller et protéger ses biens.

La question qui se pose et qui d’ailleurs clos l’ouvrage, est un « retour à la normale » est-il possible avec la fin de la guerre. Doit-on douter de l’avenir aux vues des bouleversements sociaux et culturels vécus et subis ? Spécialiste de la noblesse pendant la Grande Guerre, l’auteur ouvre une réelle réflexion sur un sujet complexe.

GOUJON (Bertrand), Je Maintiendra, femmes, nobles, Françaises, 1914-1919, Paris, Vendémiaire, 2022